Claude Rouquet

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©Frédéric Desmasure

Claude Rouquet était le créateur des éditions L’Escampette (Bordeaux).
Né en 1946, Claude Rouquet décède en janvier 2015 à Chauvigny, dans la Vienne, où il avait transféré la maison en 2003.
Il a publié plus de 300 livres, avec quelques succès comme les 3000 exemplaires vendus d’une anthologie de la poésie portugaise. « Ma conception de ce métier est totalement contenue dans mon désir de lecteur de faire partager mes bonheurs de lecture. Rien d’autre… » Disait-il.
Il éditait de la poésie, française et étrangère notamment traduite du Portugais.

« Depuis janvier 1993, nous publions, chaque mois, un ou deux livres, avec pour seuls critères une certaine idée de la littérature, une conception de la poésie en tant que passage possible vers un mystère, une fois inébranlable dans la capacité des livres à opposer une résistance salutaire à l’invasion du clinquant et du faux-semblant » (Claude Rouquet)
En 1992, Claude Rouquet, directeur commercial dans l’import de chaussures, secteur où il s’active depuis vingt ans, est victime d’une restructuration. « Je faisais 100 000 kilomètres par an, mais avec une bibliothèque dans le coffre. Quand j’ai été licencié, je me suis dit : réalise ton rêve secret. Fais des livres. » Un an plus tard, sans rien connaitre de ce métier, il crée l’Escampette, à Bordeaux. « J’ai commencé par des poètes portugais rencontrés grâce à ma compagne, Sylviane Sambor, qui dirige le Carrefour des Littératures. Et d’abord Al Berto et Nino Judice, qui m’ont bouleversé. » Au terme d’une conversation où il aura été surtout question du bonheur de lire, Maurice Scève ou Jude Stéfan, Claude Rouquet précise qu’il vient « de passer le cap des cent livres. Mon plus beau succès ? Une anthologie de la poésie portugaise, qui s’est vendue à 3 000 exemplaires. Pour le reste, ça va de 500 à 1 000; une vingtaine de titres se sont vendus à moins de 100. Mais pas de misérabilisme : je suis un homme heureux ». Escampette nous vient de l’italien scampare (s’enfuir), et de campo (champ). Échapper à un destin trop prévisible, prendre le large, voilà ce qui occupe Claude Rouquet depuis toujours. « Je suis né en 1946 à Orléans, dans une famille ouvrière, où l’on ne parlait pas de ces choses. Je veux dire des livres. » Après le certificat d’études, comme il était « bon en calcul et en dessin géométrique », on le colle en quatrième industrielle. « Je ne regrette rien. Le dessin industriel me permet de faire des livres que je trouve pas mal; et mon ex-boulot de directeur commercial, de gérer au mieux ma maison. » Mais comment la littérature est-elle venue au jeune Rouquet ? « J’habitais près d’une Maison de la Presse – à l’époque je n’aurais jamais osé franchir le seuil d’une librairie – et, je ne sais pas pourquoi, j’ai commencé à acheter des titres du Livre de Poche. Peu à peu, j’ai compris qu’il y avait un monde – celui de la littérature – où il ne pouvait pas y avoir d’ennemis. » Claude Rouquet n’édite donc que des amis : « Tout travail avec un auteur commence par des relations personnelles, souvent passionnelles. » Parmi eux François-René Daillie ou Bernard Manciet, le génial reclus de Sabres, « un des plus grands poètes de toute l’histoire des lettres françaises », avec qui Claude Rouquet a noué une relation privilégiée (il publie tous ses livres en version bilingue, et s’il écrit en gascon, il se traduit lui-même en français). Neuf recueils de Manciet sont déjà au catalogue de l’Escampette et, en dépit de ventes confidentielles, cinq autres volumes sont en préparation. Dans quelques semaines, Claude Rouquet va publier un recueil de textes de Jacques Borel, « un pilier de la littérature contemporaine. Mais, comme vous le savez, les piliers, on ne les voit pas, on tourne autour sans les voir. Je publie Manciet, Borel, Daillie et quelques autres, et vous voudriez que je me plaigne ? » » (Bernard Loupias, extrait du Nouvel Observateur n°1862)

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Invité Lettres d’Automne 2006